« Le patriotisme c’est l’amour des siens. Le nationalisme c’est la haine des autres. » Romain Gary
C’est brillant mais pas forcément lumineux…
En tous cas, ce n’est pas conforme à la définition des termes.
Nation : Groupe humain assez vaste, qui se caractérise par la conscience de son unité et la volonté de vivre en commun. (Le Robert)
Patrie : Le pays où une personne est née, dans lequel ont vécu ses ancêtres. (Académie Française)
Autrement dit, la définition initiale de patrie et son étymologie renverraient plutôt au droit du sang car à nos ancêtres. La nation quant à elle, est une notion plus large et plus ouverte. Étymologiquement, elle se refère au sol où l’on est né, avec des parents qui peuvent être nés ailleurs…
Et puis « patrie » ( « terre des pères » ) renvoie au patriarcat, ce qui exclut les mères de notre considération. Seule l’expression « mère-patrie » sauverait le terme d’un tel pêché et nous mettrait à l’abri de féministes particulièrement enragées…
Comme vous le voyez, il est facile de jouer avec les mots et de les mettre sous un jour particulier. La question est toujours du sens que nous mettons derrière et ce à quoi ils renvoient.
La vérité, c’est qu’en France, « nation » renvoie à « national » , mot relié plus ou moins consciemment dans notre esprit au Front National puis au Rassemblement National, c’est à dire à un parti incarné initialement par un vilain méchant antisémite, nommé Jean-Marie Le Pen. Il résonne aussi avec une phrase de François Mitterrand, assez connue, résumant de façon lapidaire : « Le nationalisme, c’est la guerre. »
Il arrive que les mots soient les bons pour décrire ce que nous voulons. Mais, salis par les bouches de ceux qui les ont prononcés et discrédités par des personnes influentes, ils deviennent infréquentables.
En réalité, on peut haïr les autres tant par patriotisme que par nationalisme. L’important est donc d’identifier si nous sommes dans l’amour ou dans la haine.
Il n’y a rien de haineux donc, à priori, dans un attachement à notre nation et donc au nationalisme.
Sauf à considérer que le suffixe « -isme » désigne une forme d’excès malsain. Mais alors, que dire du judaïsme, du christianisme ou du gaullisme ?
Vraiment, nous pouvons être fiers de la France et se sentir y appartenir librement.
Sans nation, sans drapeau et sans hymne à chanter ensemble, nous ne pouvons pas nous unir, au-delà de nos différences ethniques et communautaires.
Paradoxalement, la nation est la solution contre les racismes et les exclusions. C’est elle qui fait qu’un autre peut devenir notre semblable alors que les couleurs de peau, les conditions sociales ou les accents diffèrent.
C’est une grande erreur que de vouloir la combattre ou insidieusement la détruire, car elle livre alors les enfants issus de l’immigration, comme les plus pauvres, au chacun pour soi ou à un repli communautaire, souvent teinté d’amertume.
Vive la France, vive notre nation et vivent les Français qui l’aiment et la défendent.
Car malgré tout le mal qu’on peut en dire, elle est tout ce qui nous reste quand on a tout perdu.
Alexis Trouillas